Manger beaucoup de légumes est bon pour la santé. C’est ce qui ressort des études épidémiologiques à grande échelle. Mais de quelle manière et à partir de quelle quantité une consommation importante peut-elle prévenir les affections cardiovasculaires, le diabète et les cancers ? Les scientifiques n’étaient pas d’accord sur ce point. Les légumes contiennent de nombreuses substances dont chacune a ses effets sur la santé. Il est difficile de déterminer avec précision quelle substance est dotée d’un effet donné. Dans de nombreuses études épidémiologiques, il est de surcroît malaisé d’attribuer un effet décelé : est-de dû à un mode de vie sain ou à la consommation d’un légume précis ?
Les chercheurs du TNO ont adopté une approche innovante, la nutrigénomique, qui permet de mesurer les effets minimes exercés sur la santé par les différents aliments. Pour appliquer cette méthode, ils ont mené une étude d’intervention auprès d’une trentaine d’hommes. Les participants ont consommé, selon un schéma randomisé et pendant deux fois quatre semaines, soit 50g de légumes (faible consommation), soit 200 g (forte consommation). A cette fin, ils ont reçu des légumes frais pour une semaine et ils devaient choisir eux-mêmes chaque jour les légumes qu’ils allaient manger. Toutes les quatre semaines, des échantillons de sang et de tissus étaient prélevés. Les chercheurs les ont analysés, non seulement pour suivre les marqueurs classiques mais encore pour préciser les teneurs d’un grand nombre de métabolites et étudier les gènes. Pour l’interprétation des données, ils ont utilisé des programmes avancés de bioinformatique et d’analyse en réseaux. Ils ont ainsi pu, sur base des connaissances scientifiques existantes, appréhender les effets de la consommation de légumes sur le métabolisme énergétique, sur les processus inflammatoires et sur le stress oxydant dans l’organisme.
Cette étude d’intervention du TNO fait partie du programme de recherches sur l’alimentation saine, financé par l’autorité néerlandaise. L’attention est ici portée sur la mesure des effets de santé au moyen des techniques de la nutrigénomique et des tests de provocation. Le TNO travaille également sur ce thème au niveau international, notamment en coordonnant le projet NutriTech. Cette initiative vise à mettre en place de nouvelles méthodes de recherches sur les effets de l’alimentation sur la santé. Le projet a démarré en 2012 et rassemble 23 institutions scientifiques et universités du monde entier. La Commission Européenne apporte un soutien de 6 millions d’Euros.