Ostéoporose et produits laitiers

30/06/2013
Article

Depuis la nuit des temps, les produits laitiers sont consommés par l’Homme. A l’heure où l’allongement de la durée de vie et le confort – avec son corollaire le manque d’exercice – menacent la santé des os, les produits laitiers contribuent, aujourd’hui encore et plus que jamais, à prévenir l’ostéoporose. C’est là le message essentiel d’un symposium organisé par Danone dans le cadre du 13th European Congress on Osteoporosis and Osteoarthritis.

Il n’est besoin d’expliquer à personne que les os se fragilisent avec l’âge. Malheureusement, force est de constater que les apports nécessaires sont très souvent largement insuffisants. C’est ce qui a fait dire au Pr Jean-Yves Reginster (ULg)1, qui présidait lors de l’European Congress on Osteoporosis and Osteoarthritis (Rome, 17-20 avril 2013) un symposium sur l’alimentation et la santé osseuse, qu’il est absolument nécessaire de convaincre tout un chacun d’améliorer ses apports alimentaires. Les experts sont formels : il faut donner la préférence aux apports alimentaires par rapport aux suppléments. Toutefois, dans la situation actuelle, les aliments enrichis en calcium et/ou en vitamine D peuvent s’avérer utiles. Les apports journaliers recommandés sont de 1200 mg par jour de calcium pour les plus de 50 ans, disent les spécialistes (pour les plus de 60 ans selon le Conseil Supérieur de la Santé en Belgique). En Belgique, pour la vitamine D, le Conseil Supérieur de la Santé recommande une supplémentation de 10 à 15 mcg/j, selon l’âge, indépendamment des apports nutritionnels2.

Toute une éducation

La prévention de l’ostéoporose suppose l’éducation à la santé mais cela ne s’improvise pas, a souligné le Pr Charles Abraham3 (University of Exeter Medical School, UK). La démarche commence nécessairement par l’identification des connaissances concernant l’ostéoporose, des croyances en matière de santé et des niveaux de motivation à changer, des obstacles à ces changements et des facteurs qui leur sont favorables. Plus difficile, il faut parvenir à modifier et à développer les aptitudes du public. Les réactions émotionnelles, si importantes dans la détermination des comportements, doivent être anticipées. La pression sociale exerce une influence elle aussi, de même que l’image que donne « l’éducateur » et qui doit être en concordance avec les nouveaux comportements que l’on souhaite induire. Sur le terrain, a expliqué le Pr Maria Luisa Brandi4 (Université de Florence, Italie), les risques liés à l’ostéoporose ne sont pas suffisamment perçus par la population. Les citoyens ignorent qu’il est possible de la prévenir. Et au-delà de la simple information, préalable indispensable, il faut mettre directement les personnes concernées face à leur situation personnelle. Par exemple, en les invitant à répondre eux-mêmes au questionnaire d’évaluation des risques ou encore en leur montrant quels sont les résultats d’une évaluation de la densité minérale osseuse pratiquée sur elles ou en remplissant avec elles le calculateur de risque FRAX5, disponible sur internet. Mais le message central de l’experte florentine à l’égard des professionnels de la santé est clair : attirer fréquemment l’attention de tous sur la santé osseuse et évaluer individuellement et de manière régulière cette santé avec eux.

Une fois ainsi mis en alerte, le patient sera informé sur la prévention, le niveau de ses apports sera discuté et on lui précisera les mesures qui sont à sa portée. Cette information doit être précise et individualisée (*). Mais elle n’est pas suffisante et elle doit s’inscrire dans une sensibilisation plus générale des communautés locales et s’accompagner d’actions à leur intention. Par exemple, il a été montré qu’une enquête sur les connaissances, les apports, l’activité physique et les risques d’ostéoporose répétée dans la même population à trois mois d’intervalle donne de meilleurs résultats et enregistre des changements de comportements à la seconde édition, par rapport à la première. Et lorsque des personnes en déficit sont identifiées, des suppléments seront prescrits seulement si nécessaire.

Une excellente source

Malheureusement, ajoute le Pr René Rizzoli (Genève)6, la malnutrition est fréquente chez les personnes âgées et elle s’accompagne d’une diminution des apports en nutriments utiles pour la santé osseuse, notamment à cause de la réduction de la consommation de produits laitiers et de la diminution de l’absorption intestinale du calcium. Il s’ensuit une élévation des taux de parathormone, qui entraîne à son tour une accélération du remaniement osseux et une perte osseuse. Inversement, des apports calciques suffisants inhibent la sécrétion de parathormone et ralentissent le remaniement osseux. Par ailleurs, des apports insuffisants en protéines augmentent le risque de chute suite à la perte de la force musculaire, et par là le risque de fractures de la hanche. Quant à la vitamine D, elle exerce des effets positifs sur de nombreux systèmes : os, muscles, cœur, … Une insuffisance est associée à toutes sortes d’affections : ostéoporose, troubles cardiovasculaires, troubles cognitifs et éventuellement de l’asthme et même certains cancers.

Le lait et les produits laitiers procurent du calcium en quantités importantes (jusqu’à 50% des apports recommandés), du phosphore et des protéines, ainsi que de la vitamine D, dans les pays où le lait est fortifié. Ils constituent donc un moyen efficace de conserver le bilan osseux et la force musculaire au cours du vieillissement. Et à de rares exceptions près, ils sont sûrs et dépourvus d’effets secondaires. Plus encore : une étude7 a montré qu’à l’âge de six ans, les enfants dont les mères avaient consommé plus fréquemment des aliments riches en calcium (lait et produits laitiers, légumes verts, fruits, …) pendant leur grossesse, avaient une densité minérale osseuse au niveau de la colonne vertébrale supérieure à celle des enfants dont les mamans avaient consommé ces produits moins fréquemment. Une notion nouvelle est apparue grâce à des études récentes : l’approche nutritionnelle basée sur les produits laitiers est largement favorable du point de vue coût-efficacité dans la lutte contre l’ostéoporose et la prévention des fractures. Il n’est pas étonnant, dès lors, que les dernières recommandations européennes8 pour le diagnostic et la prise en charge de l’ostéoporose après la ménopause soulignent l’intérêt des produits laitiers dans la prévention et la prise en charge de cette affection.

(*) L’International Osteoporosis Foundation publie des brochures sur son site http://www.iofbonehealth.org/content-type-semantic-meta-tags/bone-health-brochures. Elles existent en français et en anglais.




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