Cognition: le DHA, remède miracle?

20/04/2011
Article

Parmi les orateurs venus parler lors du congrès «Global summit on nutrition, health and human behaviour» qui s’est tenu à l’Hotel Kempinski de Bruges les 3 et 4 mars derniers, le Dr Norman Salem Jr a retracé au cours de sa présentation le rôle du DHA dans la préservation des fonctions cognitives ainsi que dans la prévention des maladies dégénératives telles que la maladie d’Alzheimer.

Revue de la littérature

De nombreuses études ont été menées sur l’intérêt de la consommation d’omégas-3 par les sujets âgés dans la prévention des maladies dégénératives. En 2005, un rapport de l’AHRQ (Agency for Healthcare Research and Quality) faisait déjà le point sur la question. Les résultats de cette revue avaient montré que la consommation d’oméga-3 et plus particulièrement d’acide docosahexaenoïque était associée à une réduction significative de l’incidence de la maladie d’Alzheimer.

Cependant, les auteurs avaient conclu qu’étant donné le faible nombre d’études disponibles à l’époque sur le sujet, d’autres essais étaient nécessaires afin de confirmer les résultats. D’autres revues de la littérature ont par la suite été publiées et ont toutes confirmé les résultats du rapport de l’AHRQ.

 

Etude MIDAS

En 2008, une importante étude ayant pour nom « MIDAS » (Memory Improvement with Docosahexaenoic Acid Study) a été menée afin d’évaluer les effets du DHA sur la survenue de troubles cognitifs chez des sujets âgés biens portants mais présentant des légers troubles mémoriels. Au total, près de 500 personnes de plus de 55 ans ont participé à cet essai randomisé en double aveugle et contrôlé contre placebo.

Pendant six mois, les seniors ont reçu soit une dose quotidienne de 900mg de DHA par voie orale, soit un placebo (huile de maïs/soya). Un certain nombre de critères d’exclusion ont également été pris en compte lors de l’étude comme l’utilisation de compléments alimentaires contenant de l’huile de poisson, des omégas-3 ou encore la prise d’inhibiteurs de l’acétylcholinesterase ou de memantine dans les deux mois précédents l’étude.

Deux tests ont par la suite été soumis aux seniors. Un premier test afin d’évaluer leurs facultés de mémorisation, d’attention et d’apprentissage (Paired Associate Learning test, PAL) et un second test afin de jauger la faculté d’exécution des gestes de tous les jours, l’acuité visuelle, les taux de phospholipides sériques, la sécurité et la tolérance.

Après les six mois de supplémentation, les résultats furent sans appel. Le test PAL présentait en moyenne 50% moins d’erreurs dans le groupe ayant reçu des compléments de DHA par rapport au groupe placebo. Les bons résultats de ce test étaient corrélés positivement avec le taux plasmatique de DHA. De même, la mémoire de reconnaissance était également modifiée par la supplémentation en DHA. En revanche, les auteurs n’ont pas pu mettre en évidence une différence significative entre les fonctions exécutives chez les patients supplémentés par rapport au groupe témoin.

Des apports inadéquats

Au vu des études ci-dessus, il est donc clair que l’acide docosahexaénoïque est un lipide qui ne devrait pas faire défaut dans notre alimentation. Malheureusement, nos apports sont loin d’être satisfaisants. En effet, hormis le Japon, la consommation mondiale moyenne de DHA ne dépasse que rarement les 200mg par jour, quantité largement inférieures aux recommandations.

L’autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) recommande des apports de 250 mg par jour d’acide eicosapentaénoïque et docosahexaeinoique pour les adultes en prévention de la survenue de pathologies cardiovasculaires. Cependant, ces recommandations sont très controversées. En effet, la plupart des experts insistent sur le fait que les apports alimentaires en DHA devraient être supérieur à 1.000mg d’acides gras omégas-3 à longue chaîne afin de bénéficier pleinement de leurs avantages sur le plan cognitif.

On pourrait penser que le fait de consommer suffisamment d’acide alphalinolénique (ALA) et d’acide eicosapentaénoïque permettrait, par conversion dans l’organisme, d’atteindre des niveaux plasmatiques corrects de DHA. Néanmoins, il n’en est rien car la synthèse de DHA via ses précurseurs se fait à des taux très faibles chez l’être humain. La cause en serait la richesse de notre alimentation occidentale en omégas-6, concurrents directs des omégas-3 en matière de conversion dans l’organisme car ils passent par le même système enzymatique pour être transformés.

Quelles solutions?

Afin de couvrir de façon optimale nos apports quotidiens en acide docosahexaénoïque, il existe plusieurs solutions. Tout d’abord, il est important d’accorder une place de choix au poisson dans l’assiette et plus particulièrement aux poissons gras. En effet, le saumon, le thon, le maquereau ou encore les sardines (même en boîte) constituent d’excellentes sources alimentaires de DHA.

Malgré tous les efforts fournis pour atteindre l’objectif des 1000mg journaliers de DHA, il peut s’avérer difficile d’atteindre ces recommandations par l’alimentation. C’est pourquoi il existe actuellement des compléments alimentaires de DHA disponibles en pharmacie ou en magasins spécialisés et pouvant être utilisés afin de couvrir les besoins quotidiens en acide docosahexaénoïque.

Enfin, une solution offerte par certains industriels serait de créer des aliments enrichis en DHA provenant d’algues marines ou de microorganismes par exemple. Aux Etats-Unis, il existe déjà une large gamme de produits enrichis en DHA (fromage, beurre, pains,...).

Alexandre Dereinne

Références:

Wetenschapelijk instituut volksgezondheid. Salem N. Food and Cognition: The role of DHA. Présentation faite lors du congrès “Global Summit on Nutrition Health and Human Behaviour” des 3-4 mars 2011 à Bruges.




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