La sarcopénie: mal qui ronge les seniors!

20/01/2011
Article

Plusieurs revues ont été consacrées à la sarcopénie. Cette pathologie à la fois nutritionnelle et physique va entraîner une kyrielle de conséquences ayant un impact non seulement sur la santé physique de la personne âgée mais également sur son mental, le tout associé à un surcoût de soins de santé. Il semble cependant qu’en modifiant quelques peu son style de vie et son alimentation, il serait possible d’y remédier partiellement.

Inéluctable et fréquente

La sarcopénie se définit comme étant une réduction progressive de la masse musculaire squelettique, phénomène inéluctablement lié au vieillissement mais également à une activité physique réduite ainsi qu’à une alimentation déficiente en protéines.

La prévalence de cette pathologie est relativement élevée puisqu’on estime qu’elle touche entre 13 et 24% de la population âgée de 65 à 70 ans et près de 30 à 60% des personnes âgées de plus de 80 ans.

La sarcopénie va notamment entraîner une faiblesse musculaire, une instabilité motrice mais aussi une dépendance vis-à-vis d’autres personnes. Une étude réalisée par Janssen au Canada en 2006 a mis en évidence le fait qu’au moins 25% de la population gériatrique présentait des difficultés à accomplir seuls des mouvements aussi anodins que monter une petite volée d’escaliers, ce qui démontre bien la perte d’autonomie des personnes souffrant de ce mal.

Modifications importantes

Avec l’âge, le tissu musculaire va être profondément modifié. En effet, entre 30 et 70 ans, près d’un quart des fibres musculaires seront perdues. En 1986, Aniansson avait déjà démontré dans l’une de ses études qu’une atrophie des fibres de type IIa et IIx se produisait chez la personne âgée.

La composition moléculaire des fibres qui composent le muscle va également être changée, notamment au niveau de l’expression des chaînes lourdes de myosine (MHC) de types IIa, IIx et de l’expression constante de MHC de type I. Des changements sont également observés en ce qui concerne le nombre de fibres hybrides de types I/IIa et IIa/IIb.

Le nombre et la structure des Unités Motrices (UM) vont également être altérés par le vieillissement. Parmi ces changements, citons une réduction de 25 à 50% du nombre de motoneurones α, une diminution de 1% du nombre d’UM à partir de l’âge de 30 ans et un remodelage de ces dernières.

Reconnaître les signaux

Au cours du vieillissement, la réduction de la tension subie par les muscles va entraîner une multitude de réactions en cascade qui vont affecter à la fois les taux de synthèse et de dégradation des protéines. Cependant, tous les signaux du catabolisme et de l’anabolisme protéique de la sarcopénie ne sont pas déterminés quant à leur incidence effective sur le mécanisme global de l’atrophie.

Quelques protéines ont été associées à une modification de la traduction de l’ARNm provoquant de cette façon une réduction de la synthèse de protéines. Le vieillissement est également associé à une formation accrue de radicaux libres. La production de ces derniers étant soutenue par l’activation de la superoxyde dismutase qui ne peut être neutralisée par les enzymes antioxydantes puisque leur synthèse est réduite chez les seniors.

L’ensemble de ces signaux va activer l’apoptose dont le rôle initial est primordial pour maintenir l’homéostasie des tissus et garantir l’enlèvement des constituants cellulaires en excès ou défectueux. Cette activation est régulée par un ensemble de protéases jouant le rôle d’endopeptidases: les capsases.

Ces actions protéolytiques vont agir sur les protéines myofibrillaires en les dissociant et en libérant des fibre isolées qui seront orientées vers le complexe du protéasome auquel est associé le système de l’ubiquitine, véritable machine enzymatique de la transformation d’une protéine en ses acides aminés constitutifs. Enfin, la libération de cathepsines lysosomiales peut également avoir une action protéolytique sur les protéines myofibrillaires.

Pour remédier partiellement

Il est malheureusement impossible de stopper le phénomène de sarcopénie. En respectant certaines règles, on peut néanmoins y remédier partiellement:

  • les seniors doivent entretenir régulièrement leur force et leur potentiel oxydatif mitochondrial. En s’entraînant en force, la personne âgée de plus de 70 ans va pouvoir augmenter de 30-50% la synthèse protéique ainsi que celle de chaîne lourde de myosine. De la même façon, pratiquer 20-40 minutes d’endurance (3-4x/semaine) à 70-80% de la fréquence cardiaque maximale (FC max) favorise la synthèse des protéines musculaires et mitochondriales chez des sujets âgés de plus de 60 ans.
  • les sujets âgés physiquement actifs nécessitent également une alimentation comportant une ration protéique adéquate. Un apport de 0.87g de protéines par kilo de poids corporel ne semble en effet pas suffisant pour permettre à la personne âgée de maintenir une masse protéique musculaire optimale. La consommation quotidienne de protéines doit donc être augmentée à 1,25g de protéines par kg de poids corporel, soit 50% de plus que les apports nutritionnels recommandés, afin de limiter efficacement les pertes induites par la sarcopénie.
  • le type d’acide aminé est également important en ce qui concerne le maintien ou l’accroissement de la masse musculaire chez les seniors. Pour obtenir un effet stimulant sur l’accrétion protéique, le sujet âgé devrait consommer au minimum 7g d’acides aminés essentiels par jours. C’est pourquoi le recours à des compléments alimentaires ne sont pas à exclure pour obtenir de tels apports quotidiens.

 

Alexandre Dereinne

Références:

Carpentier A. Compléments alimentaires et sarcopénie. 
Symposium satellite Wagralim. Nutrevent 2009. Lille. 18/06/09.

Dehail P. Sarcopénie et viellissement musculaire: mécanismes, conséquences fonctionnelles, possibilités thérapeuthiques. Collège français des enseignants universitaires des médecins physiques et de réadaptation (COFEMER). Lille. 2008.
Consulter le PDF Consulté en septembre 2009.

Poortmans J.R, Carpentier Y.A. Sarcopenia, ageing and exercice. 
Sciences & Sports 24 (2009) 74-78.
Consulter le PDF 
Consulté en septembre 2009.




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