Un regard neuf sur la maladie coeliaque

13/04/2001
Article

Insidieuse, la maladie cœliaque est une pathologie dont on parle peu mais qui pourtant n’a pas fini de faire parler d’elle. Sa prévalence est largement sous-estimée. Et pour cause, on oublie la plupart des formes silencieuses et asymptomatiques qui représentent pourtant près de 80% des personnes atteintes de cette entéropathie ! En effet, le gastro-entérologue est le dernier praticien consulté, ce qui illustre le polymorphisme clinique de l’affection. Une personne sur 300 est porteuse de la maladie en Europe. Les symptômes qui alertent ne sont pas digestifs : anémie ferriprive isolée, aphtose buccale récidivante, stérilité, épilepsie, dermatite herpétiforme, ostéoporose et douleurs osseuses… Près de 50 % des adolescents et des adultes non traités souffrent d’ostéopénie sévère. Voilà donc bien un autre message qu’il est important de faire passer : le risque d’ostéoporose est majeur, mais occulté.

Bientôt un nouveau marqueur

Le diagnostic de la maladie cœliaque a recours notamment à l’utilisation de marqueurs sérologiques. C’est à ce niveau que la recherche a le plus évolué ces dernières années. Ainsi, il semblerait qu’une réaction de déamidation soit nécessaire pour permettre la fixation des peptides toxiques dérivés de la gliadine au sein du système HLA et ensuite leur présentation aux lymphocytes T intestinaux, qui initient les lésions inflammatoires. La déamidation se produirait d’une part sous l’effet du pH acide gastrique mais surtout, du fait d’une enzyme, la transglutaminase. Son expression est augmentée chez les patients cœliaques en phase active. Un kit Elisa basé sur l’indentification d’anticorps dirigés contre la transglutaminase sera disponible dans un futur proche. Il s’agit de l’un des marqueurs diagnostiques parmi les plus sensibles et les plus spécifiques, bien qu’il existe encore des problèmes de faux positifs.

Controverse autour de l’avoine

Selon le Prof Christophe Cellier (Hôpital Européen Georges Pompidou, Paris), tous les travaux récents font état de l’absence de toxicité de l’avénine (la prolamine ou peptide toxique) de l’avoine pure sur la muqueuse intestinale des patients cœliaques. Ceci est d’ailleurs en accord avec l’origine géobotanique de l’avoine qui est génétiquement plus proche du maïs et du riz. Toutefois, le risque de contamination croisée dans les cultures céréalières (alternance de culture avec le blé, chaînes de récolte, de transport et de production industrielles mixtes), même si elle est minime, rend impossible la garantie de l’absence de prolamines toxiques dans l’avoine. Sans ces aléas agricoles, l’avoine pourrait être recommandée tant chez l’enfant que chez l’adulte. Pour le Prof. Cellier, la prudence reste donc mère de sûreté, d’autant que certains travaux discordants indiquent que les avénines de l’avoine pourraient anormalement activer certains lymphocytes présents au sein de la muqueuse intestinale chez l’individu cœliaque.

Le débat sur l’avoine est donc loin d’être clos, qui plus est pour un picotin !

Nicolas Rousseau 
Diététicien Nutritionniste

*d’après le salon Dietecom : Les Journées de Nutrition Pratique, Paris, 8 et 9 mars 2001.

Pour en savoir plus sur l’intolérance au gluten : www.maladiecoeliaque.com




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