Insuffisance veineuse chronique : ne pas laisser courir

01/06/2013
Article

L’insuffisance veineuse chronique est un véritable fléau. Avec ses complications, elle forme une entité très hétérogène en termes de manifestations cliniques et de gravité, allant des problèmes esthétiques mineurs à des atteintes potentiellement mortelles

En France, on estime que 11 millions de personnes sont concernées. Outre-Rhin, des études estiment que 50 à 80% des adultes ont une forme ou une autre d’insuffisance veineuse chronique. Globalement, 5% de la population des pays industrialisés seraient victimes de formes graves et 1% des individus présenteraient un ulcère de jambe d’étiologie veineuse1.

Des complications redoutables

Les complications de ce mal sont la phlébite, l’ulcère et son infection pour les atteintes des veines superficielles et la thrombose veineuse profonde avec risque d’embolie pour les veines profondes du membre inférieur. Si cette dernière complication survient, la vie du patient peut être menacée par l’embolie pulmonaire. Lorsque, heureusement, ne se produit pas, il reste la menace d’un syndrome post-thrombotique. On doit le déplorer chez un patient sur deux ou sur trois qui ont été victimes d’une thrombose veineuse profonde. Ici encore, l’intensité des manifestations cliniques est variable, allant de la simple gêne à la douleur chronique pénible qui limite les activités2.

Une forme particulière de l’insuffisance veineuse est constituée par les hémorroïdes. La prévalence de ces atteintes veineuses varie de 4,4% dans la population générale à 36,4% dans la patientèle d’un médecin généraliste. Mais les patients n’en parlent pas volontiers, ce qui a pour conséquence probable une sous-estimation de l’ampleur du problème. Cliniquement, les hémorroïdes se manifestent par des saignements le plus souvent non douloureux à la défécation, du prurit, un gonflement local, parfois une douleur anale et parfois de petites pertes de selles3. Et la complication la plus redoutable, en raison de la douleur extrêmement intense qu’elle provoque, est la thrombose hémorroïdaire. On ne peut donc pas se permettre de laisser courir ces pathologies. Mais de quels moyens dispose-t-on ? Plusieurs substances peuvent aider les patients.

Un produit venu du Nord

La diosmine fut extraite dès 1925 de la plante Scrophularia nodosa, une plante herbacée de grande taille que l’on trouve dans l’hémishère nord. La disomine peut également être préparée à partir de l’hespéridine extraite de la peau de citron. C’est une flavone, c’est-à-dire un pigment végétal appartenant à une vaste famille de composés qui partagent la même structure de base. Celle-ci est constituée de trois cycles à six carbones auxquels sont attachés de des groupements hydroxyles. Un groupement osidique à deux cycles est attaché au triple noyau4.

Après prise orale, elle est rapidement transformée dans l’intestin par la flore bactérienne en disométine. Celle-ci, à son tour, est absorbée et rapidement distribuée. Sa demi-vie plasmatique est de 26 à 43h. Après dégradation et conjugaison, elle est excrétée par voie urinaire. La fraction non absorbée de diosmine et de diosmétine se retrouve dans les selles6.

Les effets de la diosmine et de la diosmétine sont une amélioration du tonus veineux et du drainage lymphatique, une protection du lit capillaire, une inhibition de l’inflammation et une diminution de la perméabilité capillaire. La diosmine inhibe la prostaglandine E2 et le thromboxane A27. Elle entraîne une diminution significative des taux plasmatiques des molécules d’adhésion et exerce des propriétés anti-inflammatoires et anti-carcinogènes8. En tant que flavonoïde, elle agit également comme anti-oxydant9.

Des effets bénéfiques

Par ces mécanismes d’action, elle exerce des propriétés vasculo-protectrices démontrées dans l’insuffisance veineuse, les hémorroïdes et le syndrome post-thrombotique. Au terme de leur étude sur les effets de la diosmine dans l’insuffisance veineuse, Bachtarov et al.10 ont conclu que les résultats obtenus au bout d’un an d’administration de diosmine montraient un soulagement des douleurs, de la lourdeur de jambes et des gonflements, en particulier dans les formes légères de l’insuffisance veineuse chronique. La diosmine exerce aussi un effet favorable sur les troubles trophiques liés à l’insuffisance veineuse, y compris dans les formes compliquées. Une étude multicentrique internationale comprenant au total 5052 patients a évalué l’effet des flavonoïdes dans le traitement de l’insuffisance veineuse chronique. Les patients ont reçu 450 mg de diosmine et 50 mg d’hespéridine par jour pendant six mois. Tout au long de l’étude, non seulement les symptômes se sont continuellement améliorés mais également la qualité de vie des patients, mesurée au moyen de scores validés11. Des préparations contenant de la diosmine ont également été testées dans des cas d’insuffisance veineuse de gravités diverses, y compris l’ulcération avec retard de cicatrisation. Dans un de ces essais cliniques, 47% des patients traités avec une préparation à base de diosmine ont vu se refermer un ulcère de plus de 10 cm de diamètre, contre 28% seulement des patients traités de manière classique12.

La diosmine s’est également révélée efficace dans le traitement des hémorroïdes. Une étude en double aveugle, contrôlés contre placebo, comprenant 120 patients, a abouti à une amélioration de la douleur, du prurit, de l’œdème local, de l’érythème et même des saignements chez les patients qui avaient reçu un mélange de diosmine (90%) et d’hespridine (10%) pendant 2 mois13. La très sévère Cochrane Collaboration a conduit une revue systématique de la littérature, reprenant vingt-quatre études, dont vingt essais randomisés totalisant 2334 patients. La conclusion est que les phlébotoniques ont montré un effet bénéfique dans le traitement des symptômes et signes de la maladie hémorroïdaire, ainsi que dans le soulagement des symptômes post-hémorroïdectomie14.

Un arbre très commun

Une deuxième substance qui a montré son intérêt dans ce groupe de pathologies est l’aescine. Elle est le principal composant actif d’Aesculus hippocastanum, plus communément appelé marronnier d’Inde (« horse chestnut » en anglais)15, arbre très répandu chez nous. Comme la disomine, l’aescine possède des propriétés anti-inflammatoires, anti-oedémateuses et veinotoniques, ainsi que cela a été montré dans différents modèles animaux.

Un des mécanismes qui peuvent expliquer ces propriétés est son effet sur les canaux ioniques, entraînant une augmentation in vitro et in vivo du tonus de la paroi veineuse. Elle favorise également la liberation de PGF2 au niveau des veines, antagonise les effets de la sérotonine et de l’histamine, ce qui aboutit à contrecarrer l’inflammation. Elle ralentit le catabolisme des mucopolysaccharides tissulaires, contribuant ainsi à freiner la dégradation de la paroi vasculaire. Et en plus de cela, sa tolérabilité est excellente, ce qui en fait un moyen tout indiqué dans la lutte contre l’insuffisance veineuse, les hémorroïdes et la formation d’oedèmes.

Dans le syndrome post-thrombotique, c’est la compression élastique qui constitue la pierre angulaire du traitement. Mais la Cochrane reconnaît que les veinotropes, en particulier les extraits de marron d’Inde, peuvent être proposés aux patients pour lesquels la compression ne suffit pas16. Ces extraits contribuent au soulagement des symptômes17. Ainsi, un essai clinique a comparé chez 240 patients la compression aux extraits de marron d’Inder pris pendant 12 semaines. Il en est ressorti que les deux traitements avaient des effets similaires dans la réduction des oedèmes et étaient aussi bien tolérés l’un que l’autre18. C’est ce qu’avaient déjà conclu une revue systématique de la littérature entreprise par Pittler et al.19 Toutes les études passées en revue par ces auteurs concluaient à la supériorité de l’extrait de semences de marronnier d’Inde par rapport au placebo. On assiste à une régression des oedèmes, avec diminution de la circonférence de la cheville et du mollet. La douleur, le prurit et la lourdeur de jambe diminuent. Cinq essais montrent que l’aescine est aussi efficace que les rutosides, autre catégorie de veinotropes.

Agir sur les pompes

Il ne faut pas oublier que la stase est l’un des facteurs majeurs de la physiopathologie de l’insuffisance veineuse. Il existe au moins deux pompes veineuses périphériques qui contribuent à la chasse veineuse dans le membre inférieur : celle du pied20 et celle du mollet21. L’insuffisance fonctionnelle de ces pompes est l’un des facteurs de l’insuffisance veineuse du membre inférieur22,23. Il y a donc intérêt à les faire fonctionner. Comme chacun sait, la marche est un exercice approprié, si pas le plus approprié, que ce soit pour le traitement de l’insuffisance veineuse superficielle ou profonde, de l’ulcère24 ou encore pour la prévention de la thrombose et du syndrome post-thrombotique25. C’est dire l’importance de la musculature du membre inférieur et de son bon fonctionnement dans tous les aspects de l’insuffisance veineuse et de ses complications. Le magnésium est l’un des éléments qui peuvent améliorer la performance musculaire. Il agit notamment en diminuant la teneur en acide lactique dans le muscle au cours de l’exercice. Or, on sait que dans l’insuffisance veineuse, la teneur en cet acide au niveau des cellules musculaires est l’une des caractéristiques de l’affection.


Référence : Fondation contre le Cancer

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D’après un communiqué de presse de la Fondation contre le Cancer
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