La vitamine A met les os en danger

14/02/2003
News

Des données obtenues chez l'animal ainsi que les études épidémiologiques ont déjà suggéré une association entre un apport élevé en vitamine A et la fragilité des os. Une nouvelle étude, effectuée en Suède, vient ajouter une pierre à l'édifice de la connaissance. 
La particularité de cette étude, dont les résultats ont été publiés récemment dans le New England Journal of Medicine, est d'avoir eu recours à un marqueur biologique : le taux sanguin de vitamine A ou rétinol.

Les chercheurs ont suivi, pendant 30 ans, 2322 hommes âgés alors d'une cinquantaine d'années. Pour l'analyse des résultats, ils les ont classés en 5 groupes de taille égale (quintiles) , en fonction du taux de rétinol dans le sang. Il en ressort que par rapport au quintile du milieu, ceux du quintile le plus élevé ont un risque de fracture 1,64 fois plus élevé. La différence est encore plus marquée pour la fracture de la hanche, dont le risque est multiplié par 2,47.

La vitamine A se retrouve à l'état naturel préformée dans les aliments d'origine animale (produits laitiers non écrémés, abats, poissons gras…), dans les aliments enrichis en vitamine A (matières grasses tartinables, desserts « maigres »…). Elle est aussi présente dans de nombreuses préparations vitaminées vendues en pharmacie ou en grandes surfaces.

La vitamine A peut aussi être obtenue à partir de certains précurseurs, le plus important étant le bêta-carotène, retrouvé surtout dans les végétaux de couleurs. Les auteurs ont aussi mesuré les taux de bêta-carotène dans le sang et, contrairement à la vitamine A, ils n'ont relevé aucune association avec le risque de fracture. La consommation de fruits et de légumes est donc saine et sauve et les suppléments ou aliments enrichis où la vitamine A est sous forme de bêta-carotène ne sont pas concernés.

Par contre, à l'heure ou l'ostéoporose devient un problème majeur de santé publique, où les aliments enrichis en vitamine A se multiplient et où l'autoprescription de compléments alimentaires contenant du rétinol devient courante, il y de quoi s'inquiéter pour la santé de nos vieux os.

Nicolas Guggenbühl

Réf. : 
Michaelsson K et al. N Engl J Med 2003 23;34(4):287-94.




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