Nutrition : les excès alimentaires s’en prennent à la prostate

03/04/2002
News

L'hypertrophie bénigne de la prostate (HBP)et le cancer de prostate concernent un nombre croissant d'hommes âgés. Les données épidémiologiques ont déjà montré l'existence d'une association entre un régime de type occidental, riche en graisse et pauvre en fruits et en légumes, et un risque accru de ces affections. Plusieurs travaux ont déjà rapporté des effets protecteurs pour certains composés de l'alimentation. C'est le cas des isoflavones du soja, du lycopène de la tomate et des produits de tomates, ainsi que du sélénium. Mais jusqu'à présent, il existait très peu de données sur l'influence exercée par ce que l'on appelle les macro-nutriments, à savoir les protéines, les lipides et les glucides (et l'alcool), qui déterminent la valeur calorique de notre ration alimentaire.

Les calories en cause

Une nouvelle étude menée par des chercheurs de l'Ecole de santé publique de Harvard, à Boston, s'est intéressée à l'apport en macro-nutriments des participants enrôlés dans la “ Health Professionals Follow-Up Study ”, une étude portant sur plus de 33000 hommes professionnels de la santé. Ils constatent que la consommation totale d'énergie ainsi celle en protéines, est associée à un risque accru d'HBP et d'opération chirurgicale pour HBP. Lorsqu'ils tiennent compte de la quantité d'énergie ingérée, l'apport en lipides totaux ne joue aucun rôle significatif. Par contre, l'ingestion de certains acides gras poly-insaturés (acide arachidonique, EPA et DHA) est associée à une légère augmentation du risque d'HBP.

La piste antioxydante

Les mécanismes précis permettant d'expliquer ce constat ne sont pas encore bien connus, surtout pour ce qui est des protéines, mais plusieurs pistes sont envisagées. Un régime riche en énergie augmenterait la prolifération cellulaire au niveau de la prostate. De plus, il favorise l'accumulation de graisse périphérique, siège principal de la transformation des hormones androgènes en oestrogènes, ces dernières pouvant favoriser l'élargissement de la prostate. 

Quant à l'effet des acides gras poly-insaturés, on sait qu'il s sont facilement oxydables, ce qui suggère que le phénomène d'oxydation jouent un rôle dans le développement de l'HBP (d'autant que certains antioxydants semblent exercer un effet protecteur). Le règne végétal, qui regorge d'antioxydants et est souvent boudé dans l'alimentation occidentale, mériterait d'être considéré se plus près dans les études nutritionnelles concernant la prostate.

Nicolas Guggenbühl

Source : Suzuki S et al. Am J Clin Nutr 2002 ;75 :689-97

 



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