Petit dictionnaire des nutriments pour le diabétique

01/02/2012
Article

Un certain nombre de nutriments, pris dans des proportions et des rations adéquates, peuvent contribuer à l’équilibre glycémique du patient diabétique. Passons en revue quelques-uns d’entre eux à la lumière d’études récentes.

La caractéristique principale du diabète de type 2 est la résistance à l’insuline. Par conséquent, à défaut de pouvoir métaboliser le glucose par la voie normale, la plus grande partie des apports alimentaires est transformée en graisses dans le foie. Une des voies majeures du traitement du diabète de type 2, c’est bien connu, est la diminution des apports alimentaires en hydrates de carbone. Au récent congrès mondial du diabète, qui s’est tenu à Dubai au début du mois de décembre 2011, Volek (USA) a montré qu’une alimentation très pauvre en hydrates de carbone permettait d’obtenir une amélioration globale des marqueurs de risque tels que le profil lipidique, les marqueurs de l’inflammation et ceux de la fonction vasculaire.

Réponse glycémique

Dans le but de comparer les réponses glycémique et insulinémique à l’ingestion de formules entériques pour diabétiques celles d’une formule standard et d’une formule riche en graisses, Vanschoonbeek et al., ont enrôlé 15 patients diabétiques de type 2 pour participer à une étude randomisée en double aveugle avec cross-over. Les deux mélanges à prise entérale comprenaient 47% de l’apport énergétique sous forme d’hydrates de carbone, 34% sous forme de graisses et 4 g de fibres pour 200 ml. Dans l’une, la source d’hydrates de carbone était surtout de l’isomaltulose, dans l’autre c’était du sucromalt. Ce dernier est un édulcorant obtenu par conversion enzymatique de sucrose et de maltose en un sirop liquide de fructose et d’oligosaccharides. Son pouvoir sucrant est de l’ordre de 70% de celui du sucrose. Celui de l’isomaltulose est de la moitié de celui du sucrose. L’isomaltulose et le sucromalt sont tous deux absorbés lentement au niveau digestif. Ils ont tous les deux pour caractéristique de provoquer une réponse glycémique et insulinémique faible. Dans l’étude de Vanschoobeek et al., la solution riche en graisses utilisée pour la comparaison comprenait 33% de l’apport énergétique sous forme d’hydrates de carbone, 50% sous forme de graisses et 2,9 g de fibres pour 200 ml. Enfin, une solution standard comprenait 55% de l’apport énergétique sous forme d’hydrates de carbone, 30% en graisses et 2,8 g de fibres pour 200 ml. Les trois préparations non standard ont provoqué une réponse glycémique significativement diminuée (p < 0,05) par rapport à la formule classique. La réponse insulinique était plus faible également. Mais la réponse des triglycérides obtenue avec la formule riche en graisses était plus forte que celle que provoquaient les deux autres formulations, comprenant respectivement de l’isomaltulose et du sucromalt comme principale source hydrocarbonée.

Quelles graisses?

La diminution des apports en graisses exerce un effet du même type que la diminution des hydrates de carbone mais de moindre ampleur, a souligné Volek à Dubai. Néanmoins, comme chacun sait, il faut aussi être attentif à la structure des apports en lipides. Dans une autre étude présentée au Congrès Mondial du Diabète, Ataie-Jafari et al. (Iran) ont présenté des résultats qui montrent que chez des patients de plus de 60 ans atteints de syndrome métabolique, la consommation de faibles doses d’acides gras polyinsaturés à longue chaîne permettait à long terme (6 mois) de faire baisser significativement ( p< 0,05) le taux de cholestérol total et d’apoprotéine B. Une baisse significative (p < 0,05) du taux des triglycérides était également observée dans le groupe qui avait reçu des acides gras oméga-3 (n= 41) par rapport au groupe des patients qui avaient reçu un placebo (n= 34). Dans le groupe placebo, au terme de la période de suivi, le HDL-cholestérol s’était abaissé significativement (p < 0,05) au bout de six mois par rapport au groupe qui avait reçu des suppléments.

Du côté des acides gras mono-insaturés (MUFA, monounsaturated fatty acids), la question se posait depuis que l’American Diabetes Association, en 2008, avait recommandé une alimentation pauvre en hydrates de carbones ou pauvre en graisses, mais sans préciser le niveau d’apports conseillé pour les mono-insaturés. Pour tenter d’apporter des éléments de réponse à cette question, Schwingshackl et al. ont réalisé une revue de la littérature avec méta-analyse des étude disponibles. Ils ont retrouvé dans la littérature neuf essais contrôlés randomisés, totalisant 1547 participants atteints de diabète de type 2 qui ont reçu pendant au moins six mois une alimentation soit riche, soit pauvre en MUFA, en vue d’une comparaison des deux modes alimentaires. Ils ont conclu qu’une différence moyenne pour l’HbA1c de – 0,21% (p = 0,03) pouvait être obtenue dans ces conditions en faveur de l’alimentation riche en MUFA.

Des fibres et des vitamines?

Les fibres ont aussi un rôle à jouer. Bien que les résultats des études n’aillent pas toujours dans le même sens, des études récentes plaident en leur faveur. Ainsi, dans une revue récente de la littérature, Post et al. ont retrouvé 15 études publiées entre janvier 1980 et décembre 2010. La méta-analyse qu’ils ont conduite conclua que la différence moyenne obtenue dans l’ensemble de ces études était une réduction de la glycémie à jeun de 0,85 mmol/l et que par rapport à un placebo, l’HbA1c diminuait de 0,26%. Les auteurs considèrent dès lors que l’augmentation de la proportion des fibres dans l’alimentation est bénéfique et doit être encouragée.

Enfin, un certain nombre de vitamines sont également impliquées à des titres divers (essentiellement en cas d’insuffisance) dans le diabète ou peuvent elles aussi contribuer à un meilleur équilibre glycémique chez le patient. Nous n’avons pas la place ici pour détailler cet aspect. Nous nous limiterons donc à citer deux études récentes à ce propos. Tout d’abord, Gonzalez-Molero et al. ont encore enregistré dans une étude prospective une relation inverse significative entre les taux de 25-hydroxyvitamine D et le risque de diabète de type 2 dans une population du sud de l’Espagne. Mais une autre étude, de Erdönmez et al. celle-là, menée en Turquie, n’a pas abouti à des conclusions allant dans le même sens. Ces auteurs reconnaissent toutefois que la question du lien entre diabète et vitamine D et surtout celle de l’intérêt d’une supplémentation se pose et devrait être étudiée de manière structurée.




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