Diabète: l’esprit des guidelines et la bouche du patient

28/10/2013
Article

Le traitement du diabète a fait des progrès remarquables ces dernières décennies, non seulement grâce à l’apparition de nouveaux médicaments pour le diabète de type 2 et de nouvelles formes d’insuline pour le type 1 (et le type 2) mais encore par la manière de gérer le traitement. A ce titre, dans les dernières guidelines1 publiées conjointement en 2012 par l’American Diabetes Association (ADA) est l’European Association for the Study of Diabetes (EASD), il est conseillé notamment de mieux tenir compte des caractéristiques et des choix du patient. C’est ce que les auteurs des guidelines appellent une «patient-centered approach» (approche centrée sur le patient). L’idée sous-jacente est que le patient sera plus compliant à un traitement qui lui convient qu’à un traitement qui lui est imposé sans tenir compte de ses modes de vie. On peut se douter qu’il y a là derrière non seulement un souci d’efficacité mais un souci du bien-être du malade.

Les troubles oubliés

Fort bien. Les nouvelles guidelines apportent incontestablement un progrès dans ce sens. Mais on peut s’étonner qu’il n‘y ait aucune allusion à un phénomène qui pourtant n’est pas rare: les troubles de la salivation chez le patient diabétique. Et plus largement, les troubles buccaux liés à cette maladie. Dans une étude consacrée à cette question, ont relevé pas moins de 34% d’atteintes périodontales, 24% de candidiase orale, 24% de pertes dentaires, 24% de caries 22% d’ulcérations buccales, 20% de troubles gustatifs, 14% d’hyposalivation et de xérostomie et 10% de sensation de brûlure dans la bouche. Or on sait combien la diminution de la sécrétion salivaire peut contribuer à toutes ces autres altérations. Et on sait combien une alimentation correcte et dans la prise en charge du diabète, il ne faut pas faire de dessin pour expliquer le rôle majeur de l’hygiène alimentaire. Plus encore, les auteurs ont montré que la glycémies était plus élevée chez les patients porteurs de ces atteintes buccales que chez les autres. La boucle est donc bouclée.

Pas d’information

Malgré cela, peu d’attention est accordée à ces faits et peu d’efforts sont consentis pour les corriger. Yuen et al. ont mené une enquête à ce sujet. Ils ont constaté que dans les pays à haute prévalence de diabète, une information sur la santé buccale était incluse dans près de 90% des programmes d’éducation des patients. Dans ces pays, la probabilité de voir les patients utiliser les techniques appropriées de brossage dentaire et de gestion de la sécheresse buccale est nettement supérieure à ce qu’elle est dans les autres pays. Mais si on s’intéresse au traitement proprement dit de la sécheresse de bouche, au-delà de l’information, aux démonstrations faites aux patients et aux répétitions des gestes appropriés faites avec eux, on constate que cela n’existe que dans 27%, 10,1% et moins de 1% des cas, respectivement.

Urgence buccale

Il est donc urgent d’être attentif à la santé buccale des patients diabétiques, notamment à la salivation car elle est un phénomène pivot. Il faut les interroger, leur montrer les gestes adéquats et leur prescrire les traitements adéquats. Il existe des solutions adaptées et performantes pour compenser la diminution de la sécrétion salivaire.

Références:

1 Inzucchi,SE, Bergenstal RM, Buse JB et al. Management of hyperglycemia in type 2 diabetes: a patient-centered approach. Position Statement of the American Diabetes Association (ADA) and the European Association for the Study of Diabetes (EASD). Diabetes Care 2012; 35: 1364-79.

2 Bajaj S, Prasad S, Gupta A et al. Oral manifestations in type-2 diabetes and related complications. Ind J Endocr Met 2012; 16(5): 777-9.

3 Yuen HK, Marlow NM, Mahoney et al. Oral health content in diabetes self-management education programs. Diabetes Res Clin Pract 2010; 90(3): e82-4. DOI 10.1016/j.diabres.2010.09.02.




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