Une vitamine sur la sellette

10/12/2012
Article

L’hiver et son cortège de petites et grandes infections ramènent chaque année la question de la prévention de ces infections. Et avec cette question, en surgit une autre, depuis longtemps débattue: la vitamine C protège-t-elle, oui ou non, contre les infections hivernales

Les rhumes sont le lot de tous les enfants en période hivernale. Pas seulement celui des enfants, d’ailleurs: nombreux sont les adultes qui en souffrent et qui subissent ainsi une altération de leur qualité de vie. Dans la mentalité populaire règne l’habitude de prendre des suppléments en vitamines, en particulier la vitamine C, pour tenter de s’en protéger. Cela n’est pas dénué de sens. Dans une revue de la littérature sur le traitement du rhume, Goldman rapporte, au nom du Drug Therapy and Hazardous Substance Committee de la Société Canadienne de Pédiatrie1, les conclusions d’une évaluation de la Cochrane Collaboration, qui concluait que dans les comparaisons entre vitamine C et placebo, la vitamine C jouissait constamment d’un avantage sur le placebo pour ce qui est de la prophylaxie des atteintes respiratoires2. C’est en tout cas vrai pour les rhumes. Et elle s’avère également capable de raccourcir de 13% la durée de ces rhumes chez les enfants.

La pneumonie aussi?

Malgré cela, il n’est pas sûr que la vitamine C soit réellement capable de diminuer le risque de pneumonie. Par contre, on a de bonnes raisons de penser qu’elle pourrait diminuer la gravité de la pneumonie communautaire (celle qu’on contracte hors de l’hôpital). Plusieurs études3,4 ont en effet mis en évidence des taux réduits de vitamine C chez des personnes atteintes de pneumonie et des travaux menés sur animaux ont montré un effet protecteur contre les infections. Il ne semble pas seulement y avoir un effet sur l’infection elle-même mais aussi sur ses conséquences. Hunt et al. ont montré qu’un apport de 0,2 g par jour chez des patients âgés de 66 à 94 ans hospitalisés pour pneumonie ou pour exacerbation d’une bronchite chronique améliorait la fonction respiratoire considérée globalement à travers le «total respiratory score»5. Et il y avait moins de décès au sein du groupe de patients qui avaient pris de la vitamine C que chez ceux qui avaient pris un placebo6. Il y a là une question importante de santé publique, qui mériterait d’être approfondie7.

Quel optimum?

Dès lors, quelle est la consommation optimale de vitamine C? Les recommandations officielles sur les apports journaliers recommandés (AJR) vont aujourd’hui de 40 à 110 mg en Europe selon les pays8. Or, une analyse détaillée de toutes les données nationales et internationales disponibles sur cette vitamine, montre que c’est avec 200mg quotidiens qu’on obtient la concentration plasmatique qui permet aux cellules et aux tissus de profiter pleinement des propriétés anti-oxydantes et autres bénéfices santé liées à la vitamine C. C’est effectivement avec la quantité de 200 mg par jour qu’on peut observer des taux plasmatiques de 60-100μmol/L9, taux auxquels les cellules, le plasma et la plupart des tissus arrivent à une quasi-saturation maximale. Il est à noter également qu’à des taux supérieurs à 70 μmol/L, il y a une augmentation très significative de la quantité de vitamine C éliminée dans les urines compte tenu des propriétés hydrosolubles de cette vitamine10. Lorsqu’on se situe en-dessous des 200 mg de vitamine C, même une faible quantité supplémentaire conduit généralement à une large variation à la hausse de son taux plasmatique.




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